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Etienne de Chamborant   le Marquis de Chamborant  
Le Capitaine de Chamborant
  

 

Etienne de Chamborant

 

Etienne de Chamborant fait parti des personnages les plus illustres de notre famille, bien que sa biographie soit souvent méconnue. Vous trouverez ci-dessous un extrait du livre de « l’inventaire des titres originaux généalogiques conservés jusqu’à ce jour » publié en 1783.

Etienne de Chamborant, Seigneur de la Clavière, Ayguzon, Puy-Laurent, Lavis et le Noyer, Maréchal de Camp & armées du Roi, Conseiller d’Etat, Gouverneur de Philisbourg & pays adjacent, Lieutenant des Cent Gentilshommes Ordinaires de la Maison du Roi, Mestre de Camp de  deux régiments, l’un de Cavalerie, l’autre d’Infanterie, naquit sous le règne d’Henri le Grand, vers 1597 ; mais ne pu consacrer à son service ses premières années, qu’il n’a cessé de rendre toute sa vie à ses successeurs Louis XIII et Louis XIV, tant dans leurs guerres que dans leurs conseils.

La commission qu’il eut, est si après rapportée à son rang chronologique, assure que le 24 juillet 1644, Louis XIV le nomma pour commander en l’absence des colonels et mestres de camp généraux de la cavalerie légère, celle tant Française qu’étrangère, dont devait être composée l’armée commandée par Monseigneur le Duc d’Anghien. Les charges et emploi dont il a été pourvu, militent honorablement en faveur de son mérite professionnel et de ses talents militaires, et prouvent la considération dont il a jouit pendant sa vie ; car ce gouvernement de Philisbourg était incontestablement, la plus importante des frontières que la France eut alors, à cette époque de grande rivalité avec la maison d’Autriche. Si on juge le juge d’après les lettres du Grand Condé, appelé alors Duc d’Anghien, si bon juge du vrai mérite et des valeurs militaires, on voit qu’il fut entre tous ceux de son temps, désigné au Roi pour commander la cavalerie de l’armée qui devait en 1644 servir sous ses ordres, et de celles du Duc d’Orléans, du Cardial Mazarin, autres ministres et généraux, qui tous constatent d’une manière glorieuse à sa mémoire, la distinction avec laquelle il s’acquitta des commission importantes dont il fut chargé. Ces même lettres, prouvent la haute considération dont il a jouit pendant sa vie, et une faveur constamment méritée, si faite pour l’élever aux plus grandes dignités et honneurs militaires comme l’assure des Mémoires Domestiques, qui disent qu’après avoir eu promesse d’être fait Maréchal de France, il sacrifia sans peine en 1651 cette glorieuse récompense de ses longs et importants services à l’estime publique.

Lorsque le Cardinal Mazarin, forcé par le parti des princes qu’il avait fait emprisonner, et l’animadversion générale de tous les ordres de l’Etat à quitter la France, après avoir feint d’y venir leur rendre une liberté qu’il se défendait de leur avoir ravi, Etienne de Chamborant refusa de le recevoir dans son gouvernement de Philisbourg et de l’y maintenir contre ses ennemis. La Réponse de ce gouverneur à une pareille proposition ou n’apparaissait pas le nom du Roi, ayant été celle d’un sujet et citoyen, moins ambitieux qu’homme de bien, Le Cardinal Mazarin fut contraint de se réfugier à Breuil, chez l’Electeur de Cologne, Cour ou Etienne de Chamborant sachant tout ce qui s’y passait comme dans celle de France, pouvait prévoir que par la fermeté de la Reine Mère, et l’inconstance de la nation, le Cardinal serait ramené dans le Royaume, détesté alors de tous, plus craint et plus absolu que jamais. Il profita de son absence pour solliciter au Roi l’agrément de traiter directement avec Henri de Lorraine, Comte d’Harcourt, concernant les affaires du Gouvernement de Philisbourg, ce qui lui fut accordé en novembre 1681. Il se dispensa ainsi de faire la cour à ce ministre qu’il ne pouvait estimer. 

Les troubles de son temps et le peu d’ordre qu’il y avait dans les finances de l’Etat, lui firent presque toujours solliciter en vain les fonds nécessaires au maintient de son gouvernement. Il dut engager ses propres finances et faire des emprunts à son nom pour la subsistance de l’armée d’Allemagne. Les sommes investies et dues par la France ne furent jamais remboursées ni à lui ni à ses héritiers. L’Hermite Souliers à écrit et assuré qu’il était mort tenu et réputé de tous pour un des plus parfait Gentilshommes du royaume.

 

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André-Claude Marquis de Chamborant


André-Claude de Chamborant  est probablement le personnage le plus connu de la famille, pour ces qualités militaires, et son Régiment de Cavalerie. Il est né le 3 Février 1732 à Paris.

Il est entré le 11 décembre 1742 comme surnuméraire dans la Seconde Compagnie des Mousquetaires de la garde ordinaire du Roi, dits Mousquetaires noirs.

Le 1er avril 1745, il fut sur certificat de sa noblesse, reçu page du Roi en sa petite écurie. Il reçu cette même année une épée de guerre du Roi, pour marque de satisfaction de sa majesté à des services rendus près de sa personne pendant la campagne de 1744 .C’est en cette qualité qu’il accompagna Louis XV dans les Flandres pendant la campagne de 1747 qui sera marquée par la victoire de Lawfeld en présence du Roi.  

Le 1er mars 1748 Il fut fait Page-Capitaine de Cavalerie au Régiment de Talleyrand. Réformé, il est placé Capitaine à la suite le 10 novembre de cette même année tout en gardant le bénéfice de ses 2 campagnes.

Le dix février 1753, il fut nommé Colonel-Lieutenant au Régiment d’Infanterie du Comte de la Marche « Marche-Prince-Infanterie », à la tête duquel il a fait les premières campagnes de la dernière guerre d’Allemagne. André-Claude de Chamborant se fit tout de suite remarqué par ses manières de servir. Monsieur de Cremille, Inspecteur-Général d’infanterie le notait ainsi : « Jeune homme qui promet, qui marque de l’intelligence et de la volonté ».

Le 8 mars 1755, il fut nommé gouverneur du Pont d’Arlos, en Bugey, en remplacement de son père, démissionnaire en sa faveur.

En 1756, il fut fait Chevalier dans l’Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis.

De 1758 à 1760, il fit la campagne d’Allemagne, puis passa à l’armée du Haut-Rhin, sous les ordres du Maréchal de Broglie. Il se signala par sa bravoure au combat le 10 juillet 1760, lors de la bataille de Corbach.

Le 21 mars 1761, il acquit avec l’agrément du roi le Régiment de Cavalerie Hongroise auquel il a laissé son nom, et continua à servir en Allemagne jusqu’à la paix de 1762. Durant cette campagne, en un mois, il fut nommé deux fois hors de rang de Mestre de Camp-Brigadier, après avoir réalisé des actions d’éclats, chose qui n’est jamais arrivée à aucun autre officier. (voir lettres du ministre de la guerre en date des huit et vingt-six juillet 1762. De 1763 à 1772 Il fut attaché à la Maison du Prince de Condé en qualité de premier Ecuyer. Il fut nommé Maréchal de Camp le 3 février 1770, et depuis cette époque, il n’a cessé d’être employé en cette qualité pour le service du Roi. La charge d’Inspecteur-Général fut supprimée en 1776, mais le Marquis de Chamborant fut maintenu dans ses fonctions.

Le 19 juillet 1778, sur proposition du Prince de Montbarrey, Ministre de la Guerre, il fut chargé du commandement en second de la Lorraine Allemande, dont le siège était à Sarreguemines.

Le 1er août 1780, il devint Grand Bailli d’Epée du baillage royal d’Allemagne.

Il fut promu Lieutenant Général le 1er janvier 1784, puis le 25 août 1785, il fut nommé Commandeur dans l’Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Il fut fait Chevalier des Ordres Royaux Militaires et Hospitaliers de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, le 15 juillet 1788. Le 23 avril 1789, Il fut appelé au commandement de la 2ème division des Evêchés.

Pendant la révolution, et conformément à l’abolition des privilèges, le Marquis de Chamborant perdit ses titres et la propriété de son régiment. Il prit ouvertement position contre l’émigration des personnes nobles, pour des raisons patriotiques. Il est présumé mort en 1805 en Bavière.

            De nombreux faits mériteraient d’être mentionnés dans cette biographie trop courte. Plusieurs historiens ont consacrés des livres sur le Marquis de Chamborant.

 

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Le capitaine de Chamborant

  

Le texte qui suit a été trouvé dans un livret dactylographié au format A4 dans les papiers de famille. Malheureusement, aucune mention ne précise son auteur et la date à laquelle ce document a été écrit. 

Né le 9 août 1913, Georges Antoine Marie de Belloc de Chamborant est issu d’une très ancienne famille qui s’est illustrée au cours des siècles dans le métier des armes. Sa filiation est établie depuis Aimoin de Chamborant, comte de Flandre, qui vivait en 1060. Certains généalogistes la font descendre de Charlemagne. Sa devise est « Oncque ne failli ».

Elevé à Paris, il fait ses études au collège Sainte-Marie de Monceau, puis à l’école Sainte-Geneviève de Versailles. Reçu à Saint-Cyr en 1935, il commence la réalisation de ses rêves d’adolescent : porter le casoar et les gants blanc, symbole de pureté, d’honneur et de sacrifice.

Au physique, c’est un garçon de taille moyenne, très sportif, musclé, au visage ouvert et souriant. Ses qualités morales ne démentent pas ce que promet son aspect extérieur dont les traits dominants sont : une conscience droite, la bonté et l’amour de la justice, un caractère gai, passionné de son métier, se donnant tout entier à la tâche qu’il entreprend et y mettant son ardeur, mieux, toute son âme.

« A genoux, les hommes… debout, les officiers » ; c’est à la fin du mois de juillet 1937 que la Promotion « Maréchal Lyautey », à laquelle appartient Chamborant, reçoit la consécration traditionnelle de ses anciens.

Nommé sous-lieutenant, Chamborant rejoint au mois d’octobre suivant le 21e Régiment de Tirailleurs Algériens à Epinal. Dans ces marches de l’Est le danger allemand a toujours été senti avec plus d’acuité que dans le reste de la France, aussi se prépare t-on sérieusement à cette guerre devenue inévitable.

Son entrain, son dynamisme, sa valeur professionnelle font de Chamborant un chef remarquable : tout de suite, il s’impose et conquiert ses Tirailleurs, témoin cette réflexion de l’un d’eux à son sujet : « Le lieutenant, c’est un caïd ! ». Aussi lorsqu’en septembre 1939 le 21 R.T.A. est envoyé sur le front de Lorraine, c’est à la tête d’une section magnifiquement entraînée que Chamborant commence le baroud. Mais c’est l’époque de la « drôle de guerre » et très rapidement cette vie d’attente ne suffit plus à son besoin d’action. Lorsqu’à la fin du mois de septembre on crée des groupes francs, il obtient le commandement de son bataillon. Durant un mois il passe la plus grande partie de ses nuits dans les lignes ennemies à tendre des embuscades, à effectuer des coups de main.

Au début de novembre, le 21e R.T.A. est relevé après deux mois de première ligne et avant de quitter le front, au cours d’une prise d’armes Chamborant reçoit la croix de guerre, une des toutes premières de la campagne 39-40.

Après une période de repos dans la région de Reims, le 21e Régiment remonte en ligne en février 40. Chamborant qui avait craint un moment d’être envoyé  comme instructeur dans un dépôt, est toujours à la tête de son groupe franc. Ayant maintenu des hommes bien entraînés, et rompus à ce genre d’exercice, il ne cesse de patrouiller dans les lignes ennemies et reçoit à ce sujet une lettre de félicitation du Colonel commandant l’Infanterie de la 6e D.I.N.A. Mais le 13 avril au cours d’une patrouille particulièrement audacieuse, il est grièvement blessé aux mains. Evacué dans la région de Limoges, la campagne 39-40 s’arrête pour lui. Une citation à l’ordre de l’armée viendra témoigner de son allant et de son courage durant ces durs mois de première ligne.

Aussitôt remis de ses blessures, Chamborant demande à rejoindre l’Afrique du Nord et, en novembre 1940, il est affecté au 6e R.T.A. à Tlemcen.

Mais il est toujours à la Recherche d’une vie plus intense, d’horizons plus vastes, aussi en avril 1941, sur la demande de volontaires, il se fait muter à la Compagnie Saharienne Portée de la Légion. Il rejoint aussitôt Tabelbala et se présente au Capitaine Peché, commandant alors la C.S.P.L.

Tabelbala, Tindouf, le Sud Tunisien, Ouargla, Laghouat, Ain Sefra sont les principales étapes de la C.S.P.L. de 1941 à 1944. Chamborant les accomplit toutes et profite du passage en Tunisie pour glaner une citation à l’Ordre de la Division, en 1944.

1944… L’espoir est au cœur de tous les combattants d’Afrique du Nord, mais la Compagnie Saharienne n’ a aucune chance de faire partie du corps expéditionnaire et Chamborant, malgré de pressantes demandes ne peut obtenir sa mutation. En novembre 1944, dans une lettre à sa mère, il écrit : « Je n’ai aucune chance de partir. C’est donc avec rage que je puis vous tranquilliser, mais la situation  est pénible… »

En septembre 1945, après un bref séjour à Sidi Bel Abbès, Chamborant est affecté à Fez au 3e R.E.I…, mais presque aussitôt, le Colonel commandant la D.C.R.E. l’envoie en France pour monter à Crémieux une maison de retraite pour les Légionnaires invalides. Comme tout ce qu’il entreprend, Chamborant s’adonne de tout cœur à sa nouvelle tâche, ne ménageant ni son temps, ni sa peine. Au mois de janvier 1946 il rejoint d’urgence le 3e R.E.I., volontaire pour partir en Extrême-Orient, il passe à son successeur une situation nette très avancée, malgré les difficultés inhérentes à une telle entreprise à cette époque.

C’est à Aubagne que Chamborant rejoint le 3e Etranger ; affecté au 3e bataillon, il prend le commandement de la 12e Compagnie qui n’existe pas encore et  qui est à créer de toute pièce. Tout est à organiser : cadres et légionnaires proviennent des diverses compagnies du Bataillon : il faut souder ses membres épars, leur donner une âme, forger enfin un outil de combat digne de la légion. Les trois mois de répit laissés avant l’embarquement seront consacrés sans trêve ni relâche à l’accomplissement de cette tâche. Et bientôt, une volonté commune anime ces êtres, ils acquièrent la cohésion et le moral nécessaire : l’action du Capitaine de Chamborant porte ses fruits. Le secret de la réussite réside principalement, semble t-il dans son esprit de justice et  de bonté. Un de ces anciens légionnaires n’a t-il pas écrit : « Quand on était embêté, on allait trouver Chamborant… et jamais personne n’a été déçu ! »

Le 20 mai 1946, le 3e R.E.I. s’embarque à Marseille sur le S.S. Pasteur. Après 17 jours de traversée, et un transbordement au Cap St Jacques, le bataillon arrive à Saïgon le 10 juin. Les premières semaines sont consacrées à la perception du matériel et à l’entraînement au genre  d’opérations qui s’effectuent dans le pays. Puis au début de juillet, le 3e R.E.I. prend un secteur dont le centre se trouve à Sadee. Le Bataillon est en entier au Sud du Mékong ; seule la 12e Compagnie, la Cie Chamborant, prend ses quartiers au Nord du Mékong, entre le fleuve et la plaine des Joncs.

Nous sommes en juillet en pleine saison des pluies, de gros orages détrempent le sol et inondent peu à peu les rizières. Le pays est coupé d’innombrables arroyos canaux, ou ruisseaux de moindre importance. On ne peut parcourir deux cents mètres sans avoir recours à un pont… et quand il n’y en a pas, on passe à gué ou à la nage !! Comme végétation, la cocoteraie, la rizière, et puis cette immense étendue de la plaine des joncs ou, sauf usage de très rares pistes, on ne peut circuler qu’en s’enfonçant dans l’eau et dans la vase à travers une végétation dense.

Le mode de locomotion normal est le sampan, à moteur quand on est riche – les moteurs datent de dix ou quinze ans et tournent à leur gré – sinon à rames. Pour aller de Sadee, P.C. du Bataillon à Caolang, P.C. de la 12e Compagnie, il faut compter quatre heures de navigation… Quand tout va bien… A cet isolement, ajoutons la présence sournoise et mystérieuse du Viet Minh, les difficultés  provenant du terrain et nous pourrons tenter de nous faire idée de ce qu’est la vie de ces hommes. Mais cela ne suffit pas à rebuter des légionnaires. Ils se donnent avec cœur à leur tâche de bâtisseurs et de pacificateurs. Des postes solides et confortables s’élèvent, des patrouilles incessantes parcourent le pays jour et nuit, ramenant la confiance, poursuivant les bandes Viet Minh.

Le 14 juillet est l’occasion d’affirmer la présence française, aussi est t-il célébré avec éclat – prise d’armes, réunion de notables, réjouissance populaire. Pour le 15 août, la 12e Compagnie a la grande joie d’avoir la visite de l’aumônier du régiment qui pendant une semaine, partage la vie des légionnaires.

Le 23 août, Chamborant vient à Sadec au P.C. du Bataillon pour saluer une dernière fois un de ses légionnaires mort au combat deux jours auparavant. C’est la dernière fois que ces camarades le verront et son frère, Capitaine également au 3e R.E.I.

Le 26 août 1946, le Capitaine de Chamborant part avec deux officiers, les sous lieutenants Thizon et Rincent, deux sous officiers, trente-six légionnaires et deux partisans pour reconnaître un emplacement de poste à installer au carrefour du canal Caï-Beo et du Canal N° 1.

Le détachement quitte Caolanh sur un canot à moteur et un sampan, l’un tirant l’autre. Les embarcations arrivent sans encombre jusqu’à deux cents mètres du croisement. Sauf quelques cultures de bananiers et des habitations dispersées aux quatre branches du carrefour, ce terrain marécageux est immensément nu : rizières et joncs s’étendent à perte de vue. Quelques rares diguettes permettent de circuler à pied. Alors que les bâteaux poursuivent lentement leur marche, une dizaine d’hommes apparemment non armés, sont aperçus sur la rive Nord du canal N° 1. Sans doute ont –ils noté l’arrivée du détachement car ils s’enfuient en direction d’une maison située à quelques deux cents mètres du carrefour.

Deux paillotes à vingt mètres l’une de l’autre sont sur la même rive, une troisième est sur la rive Sud.

L’un des partisans dénonce aussitôt les fuyards comme V.M. Le Capitaine  décide de les capturer et donne l’ordre de débarquer : les occupants du canot à moteur aborderont la rive Nord, ceux du sampan la rive Sud.

La rive Nord se présente comme une vaste étendue marécageuse couverte de joncs, coupée de quelques diguettes. L’une d’elle coure le long du canal, fréquemment coupée de trous pleins d’eau et recouverts de lotus. Pour ceux qui ne l’ont jamais pratiqué, il est difficile de s’imaginer combien le combat dans un tel terrain ainsi que la progression, sont pénibles, et vite épuisants. Non seulement il faut se battre contre un ennemis qui possède au suprême degré l’art de se camoufler, mais encore il faut lutter contre les joncs qui vous accrochent, contre la vase dans laquelle on s’enlise.

Dès le débarquement les Sous-Lieutenants Thizon et Rincent partent en courant suivis de trois groupes échelonnés sur la berge. Un violent feu d’armes automatiques se déclenche, alors que le Sous-Lieutenant Thizon et le groupe de tête arrivent à la première paillote. Le Sous Lieutenant Rincent, lui, a appuyé sur la gauche et se trouve plus en avant dans les joncs. Au moins trois fusils-mitrailleurs, de nombreux fusils et pistolets mitrailleurs se dévoilent sur le toit de la maison et dans les arbres environnants. Le tir ennemi, très dense, plaque tout le monde au sol.

Aucun mouvement des nôtres, même dans les joncs, n’échappe à l’ennemi. Le Sous-Lieutenant Rincent tombe. Il ne sera plus aperçu par personne… Quelques Légionnaires seulement verront un peu plus tard des Viet-Minh s’acharner à coups de crosse à l’endroit où il a disparu.

Le Sous-Lieutenant Thizon avec le Sergent G… et un groupe de F.M. gagne une petite élévation d’où il pourra riposter au feu ennemi, tout en étant relativement à l’abri. Le groupe de la rive Sud a ouvert le feu sur des rebelles qui ont également manifesté leur présence.

Le Capitaine de Chamborant s’approche de l’échelon de tête avec un deuxième groupe.  Une gerbe de balle coiffe le tireur au Piat, le blessant, son arme tombe dans un trou d’eau. Le légionnaire Toelp, tireur au F.M., est frappé de deux balles. Ses camarades essaient de ramener son corps en arrière, mais devant la violence du feu, ils ne peuvent que reprendre le combat…

Et les balles de l’adversaire continuent de s’acharner sur ce corps figé dans l’éternel sommeil.

« En avant !… » lance Chamborant, et il se dresse suivi de ses légionnaires pour tenter un bond vers l’ennemi, mais le tir ennemis les contraint rapidement à se plaquer au sol. Pour pouvoir mieux se faire entendre, le Capitaine de Chamborant se déplace et bondit dans un gros trou plein d’eau… il se baisse, se relève… On  s’aperçoit alors qu’il est blessé à la poitrine. Sa combinaison se couvre de sang. « C’est au-dessus du cœur, dit-il, donnez moi un paquet de pansements ». Le Légionnaire H… le panse sommairement. Pendant ce temps, le groupe de tête stoppe, une autre attaque V.M. débouchant à dix mètres.

L’ennemi débordant alors largement par les joncs essaye d’encercler les Légionnaires. Chamborant s’en aperçoit et dirige le feu de ses hommes pour tenter d’empêcher ce mouvement. Mais sur la rive Sud, la tenaille se referme et le groupe qui y a débarqué a épuisé ses munitions à vouloir s’opposer à la manœuvre adverse.

Le capitaine de Chamborant malgré la blessure qui le fait souffrir et l’épuisement qui le gagne, continue de diriger le combat. A un légionnaire qui veut l’aider à regagner le bateau, il répond par deux fois « laisse-moi… Fais ton devoir !… »

Mais l’ennemi est trop nombreux, le terrain trop ingrat, il faut à tout prix regagner les embarcations. L’ordre de repli est donné. Le Capitaine de Chamborant s’enfonce seul dans les joncs en bordure du canal.

Le Légionnaire M… traversant le canal à la nage, arrive à la hauteur de son Capitaine et le voit se déplaçant avec l’eau à mi-cuisses, puis recevant une balle derrière la tête. Il s’approche de lui et le trouve inerte, les yeux fermés.

Le Sous-Lieutenant Thizon qui se repliait le dernier s’écroule à son tour dans les joncs, lui aussi touché à mort.

C’est ainsi que le Capitaine de Chamborant trouva au milieu de ses officiers et légionnaires la mort du soldat.

Cette mort, Chamborant l’avait envisagée avec calme et sang-froid ; en 1946, avant de rejoindre son régiment, il écrivait à sa mère : « il faut avoir le courage de vivre pleinement, toute hésitation devant l’action est une lâcheté et la peur de la vie n’est que la peur de la mort. »

Et pour clore le récit de cette vie si courte mais déjà si bien remplie, nous ne pouvons mieux faire que de retracer les lignes que le Colonel commandant la D.C.R.E. écrivait à sa famille :

« Le capitaine de Chamborant a sa place dans l’immortalité de la Légion où il s’est intégré d’un coup d’aile glorieux. Sa mort à l’image de sa vie , a été elle-même un acte de foi. En présence de tels sentiments nous restons confondus d’admiration et de fierté car enfin il est l’un des nôtres et s’il se devait de vous apporter la souffrance dans le désir qu’il avait de se surpasser, il ne nous en a pas moins comblés d’honneurs ! »

Capitaine Antoine de Chamborant, vous n’avez pas déçu votre Aïeul, Lieutenant Général des Armées du Roy, Grand Bailli d’Epée du Bailliage Royal de Sarreguemines, Gouverneur de Pont d’Arlos, qui illustra les Houzards de son nom.

Fidèle aux vôtres, vous leur avez donné la plus tendre affection, fidèle à Dieu vous l’avez toujours servi, fidèle à votre Patrie, vous êtes mort pour elle.

A la Légion comme au temps des Houzards :

                                                            « Noblesse oblige

Chamborant autant »

 

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